Nous continuons notre travail débuté en 2021 qui consistait à stopper les stéréotypes de genre dans le BTP en interrogeant des femmes sur leur choix de carrière. L’année 2022 ouvre la voie à une série d’interviews toujours plus inspirantes, d’hommes et de femmes, qui façonnent le monde du BTP d’aujourd’hui et de demain, pour les jeunes générations. Une nouvelle vision du BTP pour leur donner des pistes d’appropriations de métiers sous-estimés et encore trop jugés.
Ça faisait quelques années que j’aidais des copains à retaper leur maison. Et parce que le bois m’a toujours plu, je me suis renseignée sur les métiers de la charpente.
J’ai ainsi fait un CAP charpente, avec une entreprise dans laquelle je suis encore actuellement : Marbreil Charpente. À la suite de mon CAP, ils m’ont proposé de poursuivre sur un BTS SCBH (système constructif bois et habitation) qui permet d’acquérir des connaissances sur les calculs de charges, les dimensionnements de la charpente, les
essences de bois pour chaque situation, etc. Tout concernant l’ossature bois et l’habitation, ainsi que la partie administrative (devis, suivi de chantier, etc.). L’objectif avec ce diplôme est de faire les projets de A à Z, du devis à la production sur chantier, et le suivi jusqu’à la livraison de l’ouvrage fini.
Marbreil Charpente est une toute petite structure.
Nous sommes cinq actuellement : 2 patrons (un couvreur et un charpentier) et 3 apprentis (2 CAP charpente et moi en BTS).
Moi, j’ai une double casquette : je fais moitié bureau, moitié chantiers, grâce à ma double compétence.
J’aurai pu faire seulement le CAP et évoluer en interne ensuite pour accéder à la partie administrative que j’apprends maintenant avec le BTS. Ça aurait été possible. Le seul problème, c’est que comme tout métier, le BTP ça va vite. On n’a pas forcément le temps de se former au fil de l’eau, en interne, car il y a toujours du boulot. On n’a jamais trop le temps de transmettre des connaissances, si ce n’est pas dans un cadre prévu.
Mon quotidien est assez varié. Dans mon entreprise, on fait de l’ossature bois, de la charpente et de la couverture. On peut être amené à travailler sur du neuf, alors on part de zéro, simplement d’une dalle de béton. Et quand on repart, le gros œuvre est fini : la maison est en place (ossature, bardage, couverture). Sinon on peut venir travailler par petites touches, sur des réparations ponctuelles ou des extensions sur une habitation existante. Le fait d’être dans une petite équipe me permet d’être beaucoup plus polyvalente que dans une grosse entreprise. Finalement, dans l’équipe on a un seul couvreur, mais on est tous un peu les deux: charpentier·ière/couvreur·euse. Quand on a besoin de bras, même si ce n’est pas notre métier de base, on est là et on donne un coup de main pour étaler les tuiles par exemple. C’est ce que j’apprécie beaucoup dans mon travail. Je ne sais jamais à quoi vont ressembler mes journées, mais je sais qu’elles seront toutes différentes.
Alors, la phrase favorite de mon patron est: « Quand on n’est pas fort, on est intelligent« .
Il y a toujours moyen de déplacer des choses qui sont trop lourdes de manière détournée.
Les métiers de charpentier et de couvreur sont vraiment des métiers d’équipe. On n’est jamais seul·e. On a tous notre pierre à apporter au groupe. Moi, il y a des tâches pour lesquelles je suis très efficace parce que je suis petite et rapide. Je passe partout. Et il y a
des tâches, par exemple, quand il faut lever des solives, sur l’épaule, à l’échelle, pour lesquelles je ne suis pas la plus appropriée. Mais c’est pas grave, parce qu’il y a tellement de tâches différentes à faire sur une maison, qu’il faut juste avoir une équipe équilibrée en compétences. Comme dans toutes les équipes finalement.
Néanmoins je fais toutes les tâches, même si je ne suis pas aussi rapide que les costauds.
Du coup j’ai vu mon corps changé. J’ai pris de la masse musculaire. J’étais déjà relativement sportive, mais j’ai plus de bras. Ce qui est certain, c’est que je n’aurai jamais assez de force pour
égaler un homme de 90 kg en termes de porté de charges.
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